Nous présentons ici trois approches autour de  »VOIR »,  »REGARDER »,  »VISUALISER »

Ces exercices ont été formulés à l’intention de thérapeute. Chacun peut s’en servir pour les découvrir et les mettre en pratique.

VOIR,

Cet exercice demande quelques minutes, il peut se faire aussi bien assis qu’allongé, dans le cours d’une consultation, sur l’expression d’une douleur physique ou d’un vécu douloureux. Il ramène d’une histoire, au présent, de tensions, à une détente, de pressions, à une décompression.

Il n’est pas question ici de travailler spécifiquement sur un traumatisme, il est encore moins question de ‘’relaxer’’, il est question de la conscience du présent. Souvent le patient éprouve et nomme le ‘’lâcher prise’’.

Dans l’espace d’un soin, il s’agit d’expérimenter et mettre à distance, la rencontre du corps et de ses affects, de l’histoire et du présent. Le patient peut très vite s’approprier cette pratique et la reproduire lors de la perception d’une tension physique ou d’une anxiété.

Installé confortablement fermer les yeux, laisser apparaître l’espace autour, espace de la pièce, les espaces distants, puis les perceptions du corps, la masse, les contacts avec les supports, les contacts avec les vêtements, puis avec l’air, éventuellement du mouvement du souffle.

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Assis, dans un endroit tranquille, les yeux fermés, les mains déposées sur les cuisses. Après avoir laissé les perceptions du corps se poser, déposer les yeux sur la main gauche, suivre le contour des doigts, comme un pinceau ou un faisceau de lumière. Une main sensible, une peau sensible, une paupière sensible, un visage sensible…

Suivez-vous ? Que se passe-t-il pour vous ?

Déplacer les yeux de l’index au coude, (comme on déroulerait un ruban) du majeur au coude, de l’annulaire au coude, de l’auriculaire au coude. Du coude au genou, du genou aux orteils, du pied gauche au pied droit, du pied au genou, du genou à la main. A droite, de l’espace entre le pouce et l’index au coude, retour entre l’index et le majeur, au coude, entre le majeur et l’annulaire, au coude, entre l’annulaire et l’auriculaire.

De la main au vêtement dessous, du vêtement à la peau, de la peau au support dessous. De dessous à derrière, le bassin, les lombaires, le dos.

De l’épaule droite à l’épaule gauche par la poitrine, comme un collier, plus haut, autour du cou, plus bas autour du ventre. Comme un collier, en passant par derrière le cou, à devant, à la hauteur des clavicules, plus bas derrière par les omoplates…

C’est un œil purement sensoriel que l’on met en fonction ici. Un ‘’voir’’ qui ne projette pas, qui n’attend pas. L’œil est un organe parfaitement sensible dans un corps sensible. La paupière n’éteint pas la vue, elle change le monde.

REGARDER,

L’horizontale et la verticale sont des données naturelles, des repères à la fois tactiles, auditifs et visuels. L’attraction terrestre impose une verticale à toutes les cellules, accessoirement, sur cette planète sphérique, ces verticales sont convergentes vers le bas, divergentes vers le haut. Cette réalité physique est un rappel pour garder en mémoire l’absolue diversité des perceptions et des interprétations de la réalité. Ramené aux addictions, c’est permettre à un comportement ‘’anormal’’ par rapport à ce que pense le thérapeute et une possible majorité sociale d’avoir une place et de s’exprimer.

Fermer les yeux, laisser venir les perceptions des contacts avec le support, les pressions du haut vers le bas, puis autour…

‘’Envisager un horizon’’. Quel horizon voulez-vous, quel horizon vous apparaît ? Une ligne ? Une image ? La campagne ? La mer ? Regardant cet horizon, déplacez les yeux vers la droite, puis vers la gauche, lentement, plusieurs fois, très loin à droite, très loin à gauche, revenir au milieu. Laissez cet horizon remplir le regard.

La verticale, déplacer les yeux vers le haut puis vers le bas, à son rythme, régulièrement, très loin en haut, très loin en bas, très large. Revenir au milieu, dans la perception des yeux, derrière les paupières, dans la perception de la cavité, du front, de la voute crânienne.

VISUALISER,

La visualisation a deux versants : évoquer une image, un exercice mental, y ajouter la perception de l’œil, des oreilles… des sens, des contacts qui relient au support.

Après avoir parcouru horizontales et verticales (suite de l’exercice précédent), ramenez le regard de l’horizon (ou de la cloison en face) jusqu’aux pieds, le sol, dessous les pieds (idem, si la personne se visualise à la plage ou à la campagne, les yeux suivent le sol), dessus les pieds, les orteils les chaussettes, les chaussures, un pantalon, un fauteuil. En passant par dessous, sous les pieds, sous la chaise, le dossier, la pièce derrière, le plafond.

Cette approche donne l’occasion de pousser la finesse et l’intensité des perceptions, en rentrant dans la profondeur, en explorant sous l’horizon, en rentrant dans la matière, en percevant la densité et l’intensité de la planète, de la même façon, en passant au dessus, c’est la coupole céleste qui apparaît. Ces éléments sont des archétypes et des données essentielles de nos existences, ces exercices le ramènent à la conscience.

VISUALISER L’ESPACE PROCHE,

(Le début est toujours de percevoir l’espace proche), les mains déposées sur les cuisses. Ensuite, les mains sont tournées paumes vers le plafond. Dans une perception globale, imaginer une vasque reposant dans les mains. Les yeux font le tour, en caressant le bord de la vasque, en passant aux contacts sensibles de la main, du poignet, des doigts de la paume. Les yeux dessinent une spirale jusqu’au fond de la vasque et se reposent, puis en sens inverse, jusqu’au bord. On revient à la sensibilité des yeux, des paupières, des paumes, etcetera.

Les mains viennent devant le visage, à quelques centimètres, les yeux perçoivent l’ombre des doigts, les paumes perçoivent le souffle, les pommettes (les joues) perçoivent la chaleur des mains. A travers les paupières, les yeux font le tour des mains, dessinent l’espace entre les doigts, comme les yeux lècheraient la main. Jusqu’au bout des doigts, à travers le front.

Les mains se déplacent à la hauteur des oreilles en gardant la même sensibilité, la vasque se transforme en sphère, une bulle autour de la tête. Les yeux suivent, dans la main gauche, à travers l’oreille gauche en décrivant un cercle dans la main. En passant par dessus, jusque dans la main droite, en passant par dessous, en s’arrêtant entre la langue et le palais, puis le menton. En faisant le tour de la tête.

On aboutit ainsi à la perception de cet espace qui entoure le corps, un espace à la fois tangible, sécurisant et vivant.